Musée virtuel du Canada (MVC)

Prendre soin des ancêtres : les protocoles du travail de terrain

Prendre soin des ancêtres : les protocoles du travail de terrain

Un cube blanc sur un onglet noir.
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[Betty Charlie]: Ils devaient avoir de bons sentiments lorsqu’ils se rendaient là-bas. Au retour, ils devaient être comme ils s’y étaient rendus. Ne pas revenir des montagnes avec de mauvaises pensées. C’est une question de respect.

[Dave Schaepe]: En 1992, et en particulier à la suite du travail fait sur les sites des tertres funéraires et sur les caractéristiques des tertres funéraires, c’est là que le protocole est apparu, selon ce que je comprends, et l’utilisation du témélh, l’ocre rouge, comme un des importants protocoles culturels qui sont encore utilisés aujourd’hui, en particulier dans un travail de terrain qui implique des fouilles dans les sites. Comme archéologues, nous dérangeons. Nous créons des perturbations dans les sites. Nous les dérangeons. Nous retirons des choses. Nous prenons des choses qui ne nous appartiennent pas, selon la perspective des Stó:lō. Cela fait partie de ce que nous faisons. Ce que nous faisons peut être justifié dans des cas particuliers lorsqu’on veut trouver des réponses à des questions que seuls les archéologues peuvent aborder; parfois, seuls les archéologues, peuvent réellement aborder ces questions spécifiques, étant donné notre travail dans la terre avec les objets. Afin de neutraliser les perturbations, afin de ne pas interférer ou pour éviter des interactions nuisibles avec l’ensemble de la communauté, et c’est là le royaume spirituel de la communauté ancestrale qui, du point de vue des Stó:lō, est encore là, est encore dans ces endroits, habite toujours les sites du vieux village, sont encore liés à leurs choses, les choses qui leur appartiennent, leurs objets, leurs créations.

[Albert « Sonny » McHalsie]: Lorsque tu pars, dis ton nom. Ainsi lorsqu’on quitte nos cimetières, on dit toujours notre nom. Lorsqu’on va au cimetière et qu’on pleure nos êtres chers, on pourrait laisser un peu de notre esprit là-bas. C’est pour ça qu’on te fait un balayage, nous balayons tout ce qui est mauvais, ce qui aurait pu s’attacher à toi, alors nous l’enlevons par un balayage. Mais aussi lorsque tu t’appelles, c’est pour t’assurer que tu ne laisses rien là-bas. Lorsque tu pars, dis simplement Allez Doug, on s’en va! Dis-le dans ta tête, Allez Doug, on s’en va!.

[Michael Blake]: Un des protocoles très importants dès le début était que, parce qu’on était sur le site d’un cimetière, il y avait un danger spirituel potentiel pour tous ceux qui travaillaient sur le site. Pour protéger tous les participants du projet, on nous a montré comment utiliser du témélh, de l’ocre rouge, ou de l’hématite, qui est transformée en peinture rouge, qu’on pouvait utiliser pour marquer nos fronts, notre poitrine et nos poignets afin de devenir visibles à tous les esprits sur le site.

[Betty Charlie]: C’était pour notre protection, mostly for the people that are buried on this site. Mais surtout pour ceux qui sont enterrés dans le site, afin qu’ils voient le témélh et qu’ils sachent qu’on arrivait. Ainsi, ils pouvaient nous identifier, et c’était aussi dans le cas où pendant qu’on était au site, si on ramassait quelque chose, comme un vieil artéfact, que rien de l’artéfact ne nous saute dessus. Et alors on devrait le remettre. C’était pour nous protéger.

[Vi Pennier]: Ce que je sais du témélh est que c’est un moyen de guérison puissant. C’est un protecteur. C’est un guérisseur.

[Lucille Hall]: On m’a simplement dit que c’était pour me protéger des esprits et on m’a dit que les esprits de l’autre côté nous reconnaissent si on porte du témélh. Si on n’en porte pas, ils ne peuvent pas nous voir, ils ne savent pas qui on est. Mais lorsqu’il est en place, qui on est n’a pas d’importance; ils savent qui on est. Ils nous reconnaissent. C’est donc très important de le porter. Qui on est n’a pas d’importance. Ils nous reconnaissent. Et c’est très bien. C’est quelque chose qu’on devrait savoir sur les esprits. je suis très fière de le porter lorsque je peux. Je veux être reconnue. Je veux être vue, même si ce n’est que pour un court instant. Oui.

[Dave Schaepe]: En grande partie, avec la communauté ancestrale, la pratique des feux, des feux spirituels, des offrandes, de la nourriture aux ancêtres; ce sont des pratiques qui remontent probablement à des milliers d’années dans ce que nous constatons, dans notre travail archéologique, en particulier en lien avec les tertres funéraires, une façon dans laquelle nous voyons des pratiques comme celle-ci qui existaient dans le passé et sont encore aujourd’hui utilisées dans la communauté, et maintenant nous les incorporons dans notre travail archéologique. Ce projet vise à augmenter la visibilité des liens entre, ce qui serait autrement une relation entre nous et eux, afin de pouvoir travailler sans qu’aucun tort ne soit fait à une des parties, à aucune des parties.

Les archéologues appliquent donc le témélh avant d’aller sur le site, ayant reçu des aînés et des travailleurs culturels, des instructions sur la façon d’approcher notre travail dans un bon état d’esprit. Être dans un bon état d’esprit, de cœur, laisser la négativité derrière. Faire notre travail sur le site de la meilleure façon possible et éviter les conflits sur le site.

[Dave Schaepe]: Une des conférences a été donnée par un aîné, Frank Malloway. Avec d’autres aînés et d’autres membres de la communauté à Sq'éwlets, il pensait que cela valait vraiment la peine de fouiller les tertres afin de pouvoir démontrer qu’ils faisaient partie du cimetière des Sq'éwlets, que ce sont des tertres funéraires, pas seulement des constructions de terre. C’est ce que nous avons fait. Nous avons excavé le centre des tertres, selon les instructions des aînés, et selon le protocole qu’ils avaient conçu pour la façon dont on s’y prendrait, et comment l’ensemble du processus devrait se dérouler. C’était une expérience vraiment très utile, car nous n’aurions pas pu, nous n’aurions pas su comment procéder sans les protocoles de la communauté, sans ce genre de soutien et sans les conseils et la supervision des aînés de la communauté. C’était absolument essentiel pour chacun des éléments de chaque décision à prendre sur la façon de procéder.

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